Actualités  |  Mardi 2 septembre 2003

L’INDUSTRIE FINANCIÈRE EST FONDAMENTALE POUR NOTRE PAYS

Il y a trois grandes places financière dans le monde: New York, Londres et la Suisse. Si, en raison de la concurrence ou des hasards de l’histoire, New York et Londres étaient détrônés au profit de nouvelles places financières, cela n’aurait guère d’impact sur les économies anglaise et américaine. En revanche, l’effritement de la place financière suisse aurait, elle, des conséquences très graves pour notre pays. Et pour une raison très simple. Notre place financière compte pour environ 12% du produit intérieur brut (PIB). C’est énorme! Pour mieux mesurer cette importance, il suffit de se rappeler que l’industrie pharmaceutique, fleuron de l’économie suisse, ne compte que pour 4% du PIB.

Ce qui est étonnant, c’est que nombre de leaders d’opinion semblent n’avoir pris que récemment conscience de cette réalité. Dans divers partis politiques, on semble se réveiller. Diverses initiatives ont été lancées ou suggérées, comme celle d’inscrire le secret bancaire dans la Constitution fédérale, pour que notre place financière soit mieux défendue. Plusieurs éléments ont contribué à déclencher cette évolution de conscience: en plus du chiffre de 12% du PIB, maintenant largement diffusé, une récente étude du professeur Beat Bernet, de l’Université de Saint Gall, met en évidence qu’entre 40’000 et 60’000 postes de travail dans l’industrie financière helvétique pourraient disparaître si nous ne réagissons pas vigoureusement.

Cette prise de conscience a aussi été accélérée par le fait que l’Union Européenne, depuis la réunion de Feira il y a trois ans, a tenté d’amener la Suisse à abandonner son secret bancaire. On voit bien que les raisons de ces «agressions» étrangères sont d’abord d’ordre concurrentiel mais que leurs auteurs utilisent des arguments en apparence moraux pour mieux déstabiliser divers politiciens et médias. Face à cette tentative, les rangs se sont enfin resserrés dans notre pays. A différents niveaux, politique, diplomatique et économique, de nombreux Suisses se sont rendus compte qu’ils devaient faire front commun pour résister aux pressions internationales.

Ce dernier point est de la plus grande importance, car aujourd’hui, l’OCDE a pris le relais de l’Union Européenne pour faire céder la Suisse sur la question du secret bancaire. Cette organisation internationale a en effet lancé une nouvelle croisade contre ce qu’elle appelle les «pratiques fiscales dommageables». Dans la foulée, elle a laissé scandaleusement entendre qu’elle considérait le secret bancaire comme appartenant à une telle pratique.

On voit dès lors clairement se dessiner des pressions fortes et durables sur notre pays pour affaiblir notre capacité concurrentielle dans ces activités où pourtant nos entreprises sont à juste titre réputées et appréciées. Il est du devoir des leaders d’opinion de tout notre pays, hommes et femmes politiques, responsables d’entreprises et d’administrations publiques, de résister avec détermination à la campagne de désinformation «moralisante» sur notre place financière.

En effet, les services financiers offerts par les entreprises suisses vont encore sensiblement se développer dans les années à venir. Il n’y a aucune raison qu’avec la tradition qui est la nôtre et la qualité du personnel que nous formons, nous soyons entravés dans ce développement par des contraintes internationales qui ne se justifient d’aucune manière.

Il reste dès lors un travail considérable de communication à faire. Au niveau parlementaire d’abord, pour apporter un soutien sans faille à nos diplomates qui s’efforcent de maintenir nos avantages compétitifs. Au niveau de l’opinion publique ensuite, qui mérite une information objective et des débats approfondis sur la nature et la finalité des services financiers.

Il en va très clairement du maintien et de l’amélioration de nos conditions de vie. Ces activités constituent en effet un élément essentiel de toute politique de croissance. On comprend que la position dominante que nous y exerçons puisse susciter des envies chez nos concurrents étrangers. On comprendrait en revanche moins bien que ceux qui, chez nous, ont la responsabilité d’y résister n’assument pas leurs tâches.

Olivier Feller, député
(Article paru dans la rubrique «L’invité» de L’Agefi du 2 septembre 2003)