Actualités  |  Mardi 29 septembre 2015

Le système de santé auquel je crois

La liberté du patient de choisir son médecin et son hôpital est un des piliers d’un système de santé de qualité. Si j’ai le droit de choisir mon opérateur téléphonique, raison de plus pour avoir le droit de choisir mon généraliste ou mon chirurgien. S’écarter de ce principe, c’est organiser à terme la dégradation des soins. Surtout si c’est au nom d’un principe dit d’économicité.

Ce sont les besoins de santé qui augmentent et non pas les médecins ou les hôpitaux qui créent la demande. Certains prétendent que la hausse des coûts de la santé est due à l'augmentation des cabinets médicaux, en particulier des spécialistes. Comment expliquer, si c'était vrai, que l'activité des établissements publics augmente chaque année pour les hospitalisations comme pour les prestations ambulatoires? Un exemple. Le nombre de patients victimes de maladies chroniques (cancers, maladies cardiovasculaires, diabète, démences, etc.) ne cesse d’augmenter. 2.2 millions de personnes en souffrent dans notre pays. Et leur nombre va continuer à augmenter fortement dans les années à venir, de l’aveu même de l’Observatoire suisse de la santé. Or ce sont des patients qui doivent être traités pour l’essentiel par des spécialistes.   

Dans notre pays, toutes les formations sont ouvertes, sauf les études de médecine qui sont régies par un numerus clausus dans certaines universités. Résultat? Un médecin sur quatre pratiquant dans notre pays a été formé à l'étranger, et cette proportion est largement plus élevée pour certains spécialistes. Il conviendrait donc d’augmenter sérieusement les moyens des universités pour leur permettre d’adapter leurs capacités d’accueil dans les filières médicales. Malheureusement, ce n’est pas vraiment pour tout de suite. Des discussions entre la Confédération et les cantons ont certes commencé en février 2015 mais leurs conclusions, pour autant qu’elles soient vraiment positives, ne seront intégrées que dans les budgets 2017-2020.

Un moratoire fédéral sur l’ouverture des cabinets médicaux est une absurdité. On l’a pratiqué pendant une dizaine d’années jusqu’au 31 décembre 2011. A-t-il freiné la hausse des coûts de la santé? Difficile de le prétendre avec une augmentation moyenne de 4% par an, pendant la période 2000-2010, des prestations par assuré dans le cadre de l'assurance obligatoire de soins. A-t-il résolu la pénurie de médecins généralistes ou de pédiatres ou freiné la désertification médicale dans les régions périphériques? Non, puisque ces problèmes sont plus présents que jamais. Et on a réintroduit la possibilité d’un moratoire sur l’ouverture des cabinets de spécialistes en juillet 2013 - pour trois ans - en attendant une solution plus globale qu’on avait eu dix ans pour préparer.

Pas de dirigisme mais une vraie écoute des acteurs : praticiens  et  patients. Si l’on cherche à freiner l’augmentation des coûts de la santé, à renforcer l'attrait de la médecine générale, à éviter la désertification médicale dans certaines régions, à adapter le nombre de médecins formés aux besoins, etc., les solutions doivent être préparées avec les acteurs directement concernés, les patients, mais aussi les soignants, les médecins et les cantons, avec ceux qui connaissent le métier et les besoins de chaque région. Il s’agit de ne pas faire semblant pour disposer d’un alibi - «on vous a consultés» - et mieux pouvoir agir ensuite comme on l’entend.

Olivier Feller
Conseiller national PLR Vaud

Article publié dans le Courrier du médecin vaudois du mois d’octobre 2015