L'initiative « No Billag » veut casser le mandat de service public de la SSR en la privant des moyens d'exister. De cette manière tous les médias de notre pays devraient obéir à une pure logique de marché. Si c'est la fin de la diversité et de l'identité de notre pays que nous voulons, alors allons-y, votons oui. Mais si ce n'est pas cela que nous voulons, alors cette initiative est une grave et profonde erreur.
Le service public tel qu'il existe aujourd'hui pour la radio et la télévision suisse est indispensable au bon fonctionnement de notre démocratie. Sauf à de très rares exceptions, il y a moins de 50% des électeurs qui votent et encore moins qui s'intéressent régulièrement à la vie civique. Pour dire les choses crûment: le débat politique n'est pas rentable selon les règles de l'économie de marché : il ne fait pas suffisamment d'audience pour qu'il puisse être financé exclusivement par des recettes publicitaires. Mais le débat politique est essentiel dans un pays de démocratie directe comme le nôtre, où l'on préfère depuis longtemps, et je m'en réjouis, les initiatives populaires et les référendums aux manifestations de rues.
Des radios et des télévisions privées seraient conduites, pour de simples motifs de survie, à accorder une faible importance au débat politique pour ne s'intéresser qu'à la surface des choses, à la « peopolisation » de tout et de rien, déjà suffisamment envahissante pour qu'il ne faille pas encore lui donner un coup de pouce supplémentaire.
C'est une évidence alors qu'en ce moment même les règles du marché auxquelles les éditeurs de journaux sont soumis réduisent comme peau de chagrin non seulement la diversité de la presse dans notre pays, mais également les ressources rédactionnelles des quotidiens et des magazines qui survivent dans cette débâcle collective.
La SSR est là pour promouvoir ce qu'on appelle communément le vivre ensemble. Son statut de service public en est le garant. Ne nous privons pas de cette garantie.
Olivier Feller
Conseiller national PLR Vaud
Article publié dans L'Omnibus du 2 février 2018