Dans le débat sur une 13ème rente AVS, sur laquelle nous allons voter le 3 mars prochain, on semble considérer que l'avenir de notre système de retraites n'a jamais été aussi radieux. Le réveil risque d'être douloureux. Car le financement de l'AVS n'est aujourd'hui garanti que jusqu'en 2030, même sans que l'on vienne aggraver le déficit prévu par l'introduction d'une 13ème rente.
Actuellement, le financement de l'AVS provient de trois sources distinctes. 1. Les actifs au travers des cotisations de l'employeur et de l'employé prélevées sur les salaires (4,35% pour chacun, soit 8,7% au total). 2. Les contribuables par le biais du budget de la Confédération qui couvre 20,2% des dépenses annuelles de l'AVS. 3. Les consommateurs puisque, depuis le 1er janvier de cette année, 1,4 point de TVA est dédié à l'AVS.
Le versement de la 13ème rente proposée par l'initiative populaire «mieux vivre à la retraite» correspond à une augmentation de 8,3% des dépenses. Soit 4,2 milliards de francs dès 2026. Dans deux ans! Et ce montant augmentera ensuite chaque année pour atteindre 5,3 milliards en 2033.
L'initiative ne précise pas comment cette bagatelle sera financée. Ses auteurs savent bien pourquoi ils «négligent» cet aspect des choses. Car le 13ème mois des retraités devra être payé d'une manière ou d'une autre, soit par celles et ceux qui travaillent, soit par les consommateurs, soit par les contribuables, soit par les trois en même temps.
Première solution: on fait passer les cotisations sociales de 8,7% à 9,4%, soit une augmentation de 0,7% (0,35% pour les employés, 0,35% pour les employeurs). Cela renchérirait le coût du travail et contribuerait à l'érosion du pouvoir d'achat des actifs. Ces actifs, en particulier de la classe moyenne, qui paient déjà beaucoup sans recevoir grand-chose en retour.
Deuxième solution: on augmente la TVA d'un point supplémentaire pour la faire passer de 8,1% à 9,1%. Mais cela aurait un impact sur le pouvoir d'achat des consommateurs, y compris des retraités eux-mêmes, ainsi que sur le fonctionnement général de notre économie.
Troisième solution: on augmente la contribution de la Confédération à l'AVS. Cette fois, ce sont les contribuables qui passeraient à la caisse. A moins de prendre des mesures drastiques d'économies dans d'autres domaines du ressort de la Confédération, y compris en matière sociale.
Il faut bien avoir à l'esprit, au moment de voter, que cet effort supplémentaire permettrait de financer uniquement la 13ème rente AVS et non pas le déficit d'ores et déjà programmé à partir de 2030, dans un peu moins de six ans! Car au cours de la prochaine décennie, environ 500'000 personnes atteindront l'âge de la retraite. Et il faudra bien engranger de nouvelles ressources pour assurer leurs rentes.
Sans la 13ème rente, le déficit de l'AVS sera de 42 millions en 2030 pour bondir à 3,3 milliards en 2033. Si la 13ème rente est acceptée, le déficit s'élèvera alors à plus de 8 milliards par année! Et que croyez-vous qu'il arrivera? Pour donner plus aujourd'hui, vous paierez plus demain.
Olivier Feller
Conseiller national PLR Vaud
Article publiée dans Tribune du mois de janvier 2024