Le managed care, le système de réseaux de soins sur lequel nous allons voter en juin prochain, est un nouveau virus. S'il est accepté, vous devrez payer plus pour conserver vos droits: le droit de choisir votre médecin, votre hôpital, votre assurance maladie. Au-delà de la franchise que vous avez choisie (et qui est à vos frais), vous devrez en outre assumer 15% (au lieu de 10%) de vos frais de santé jusqu'à concurrence de 1'000 francs (au lieu de 500 francs). On vous dira, voyez, on est sympa, c'est presque rien: 5% de plus pour votre quote-part mais jusqu'à un montant maximal de 1000 francs… Si cet argument vous semble convaincant, lisez la loi jusqu'au bout. Car elle prévoit aussi que "le Conseil fédéral peut adapter les montants maximaux annuels de la quote-part en fonction de l'évolution des coûts de l'assurance-maladie." Et quand on donne au seul gouvernement le pouvoir de fixer les montants des prélèvements obligatoires, pour le meilleur et pour le pire, devinez ce qui se produit?
Si vous adhérez à un réseau de soins pour ne pas payer plus, alors vous devrez renoncer au libre choix de votre médecin. Vous devrez consulter uniquement les médecins du réseau. Si votre médecin de famille ou les médecins spécialistes que vous connaissez ne sont pas membres du réseau avec lequel votre assureur aura conclu un contrat, vous devrez en changer. Comme si les relations avec votre médecin étaient du même ordre que celles que vous avez, par exemple, avec un vendeur de machine à laver.
Les soins qui vous seront prodigués seront en outre limités par l'enveloppe budgétaire que les réseaux devront négocier avec les assureurs. Résultat, ce ne sont plus vos besoins avérés de patient, mais les coûts plus ou moins élevés des traitements disponibles qui deviendront déterminants. La qualité de vos soins en pâtira.
Ce projet entrave même le libre choix de l'assurance maladie alors que ce libre choix est l'un des principaux arguments du centre-droit pour lutter contre la caisse unique. Les assureurs pourront en effet vous lier par des contrats de trois ans et non plus seulement par des contrats d’une année comme aujourd’hui. Et le fait que vous puissiez être insatisfait des prestations de votre assureur ou du réseau de soins auquel vous êtes affilié n'est pas prévu parmi les clauses de résiliation du contrat! Sauf à payer une forte prime de sortie.
En me lisant, vous avez sans doute l'impression que tout cela devient très compliqué. Et vous avez raison. C'est la bureaucratie qui s'installe encore un peu plus dans notre système de santé.
Pour essayer de faire passer ces graves inconvénients, on cherche à nous faire croire une fois de plus que c'est la solution pour freiner la hausse des coûts de la santé. Une rengaine usée jusqu'à la corde depuis la mise en vigueur de la loi sur l'assurance-maladie en 1996. Je doute que les Suisses croient encore à ce bla-bla anesthésiant.
Olivier Feller
Conseiller national radical
Article publié dans 24 heures le 30 avril 2012