Le 25 septembre prochain, nous voterons sur une initiative populaire qui préconise l'instauration d'une « économie verte ». Le principal objectif de cette initiative consiste à inscrire dans la Constitution fédérale l'obligation de réduire d'ici à l'année 2050 l'empreinte écologique de la Suisse à un équivalent planète alors que cette empreinte est aujourd'hui de 2.8 équivalents planète.
L'empreinte écologique est une notion complexe. Elle peut être calculée selon diverses méthodes. Ce sur quoi les scientifiques semblent d'accord, c'est que l'empreinte écologique est une manière d'exprimer en un seul chiffre l'atteinte globale causée par l'homme à l'environnement, en estimant la surface théorique nécessaire pour produire les biens consommés par l'homme et pour absorber les émissions générées par cette production.
La première question qui se pose, c'est de savoir s'il est opportun d'ancrer dans la Constitution fédérale une notion aussi floue que l'empreinte écologique. La seconde question, c'est de savoir si le but poursuivi par l'initiative est vraiment réaliste. Car dans les faits, la mise en œuvre de cet objectif induirait l'obligation pour la Suisse de diminuer sa consommation de ressources naturelles d'environ 65% d'ici 2050.
Pour pouvoir diminuer d'une manière aussi drastique et brutale la consommation de ressources naturelles dans notre pays, il faudrait multiplier les impôts, les taxes et les contraintes étatiques, tant pour les ménages que pour les entreprises. Cela aurait de graves conséquences sur le pouvoir d'achat des classes moyennes, sur l'emploi et la prospérité du pays. Nous serions au demeurant le seul pays à poursuivre un objectif aussi ambitieux de réduction de la consommation de ressources, ce qui affaiblirait la compétitivité de la Suisse en comparaison internationale.
Je suis favorable, bien sûr, à ce que l'on cherche à mieux concilier l'économie et l'écologie. Il y a quelques années, j'avais même développé, dans un essai politique, l'idée d'une société « écolomique », qui conjugue intelligemment la croissance économique et la préservation de notre environnement naturel. Mes convictions n'ont pas changé. Mais pour mettre en place une société « écolomique », il faut prendre des mesures pragmatiques, en phase avec les réalités du terrain, susceptibles de produire des résultats concrets dans la durée. C'est le chemin emprunté, par exemple, par le premier paquet de mesures de la Stratégie énergétique 2050, que j'accepterai lors du vote final au Conseil national en septembre prochain. Au travers de diverses mesures incitatives, ce premier paquet vise à encourager tant les ménages que les entreprises à réduire leur consommation énergétique et à utiliser de façon économe les ressources naturelles.
Olivier Feller
Conseiller national PLR Vaud
Article publié dans Tribune du 24 août 2016