La politique des transports est en crise dans notre pays. Il n'y a plus aujourd'hui ni cohérence dans les objectifs ni capacité suffisante d'investissement.
La route? Rien n'a plus été fait pour la liaison autoroutière Lausanne-Genève depuis son ouverture en 1964, alors que la population des deux cantons a plus que doublé depuis. Un demi-siècle d'inertie! Le contournement de Morges est encore en gestation. Tous les jours, matin et soir, les véhicules roulent sur la voie d'urgence. Le mot prend ici tout son sens. Les moyens consentis pour l'entretien des ponts sont insuffisants depuis plusieurs années. D'où la multiplication des interventions… urgentes. Et pour tout arranger, dans le canton de Vaud, les routes sont en «piteux état».
Les transports publics? C'est la panacée dans les discours. Mais la troisième voie ferroviaire entre Lausanne et Genève est le serpent du Léman depuis des décennies. Les parkings relais à proximité des transports publics sont rares et surchargés malgré les tarifs pratiqués. Les parkings pour le covoiturage sont pratiquement inexistants. L'entretien du réseau ferroviaire prend aussi du retard. Les besoins du rail se chiffrent en dizaines de milliards. Et que se passe-t-il? Le Conseil des Etats refuse une rallonge de 140 millions aux CFF pour la réalisation en 2011 et 2012 de travaux urgents, notamment entre Lausanne et Vevey. Pour sa part, le Conseil fédéral veut raboter les subventions à certaines lignes de bus et de petits trains dans des régions périphériques qui en ont absolument besoin pour le tourisme et la vie de tous les jours. Etc. Même la CGN, qui permet à 1.2 million de passagers de traverser le lac durant toute l'année, doit faire face à un manque cruel de moyens.
Personne ne conteste qu'il fallait désendetter la Confédération et certains cantons, dont le canton de Vaud, et ne pas jouer les apprentis sorciers comme l'ont fait la plupart des pays européens qui nous entourent. Mais aujourd'hui il est temps de penser non pas à la dépense pour la dépense, mais aux investissements. Car les moyens de transport sont des infrastructures indispensables à l'économie, au tourisme, à la création d'emplois, à la vie quotidienne.
Dans le canton de Vaud, les choses commencent heureusement à bouger. L'accord conclu avec Genève devrait donner un coup de pouce - enfin! - au projet de troisième voie entre les deux agglomérations lémaniques. Quatre milliards seront débloqués d'ici à 2020 et investis dans des projets routiers cofinancés par la Confédération. Une motion déposée au Grand Conseil en septembre demande au Conseil d'Etat de constituer un fonds d'investissement cantonal pour les infrastructures de transport et de mobilité douce. J'y suis favorable pour autant qu'on n'oppose pas la route au rail et que les besoins réels de l'ensemble du canton soient pris en compte.
Nos capacités de transport sont en retard par rapport aux besoins actuels alors que ces besoins vont encore augmenter ces prochaines années. C'est donc un effort considérable d'investissement qui doit être assuré par les cantons et la Confédération si la Suisse veut rester compétitive.
Olivier Feller
Député radical
Article publié dans 24 heures du 5 octobre 2010