L'annonce de la fermeture du site de Novartis à Nyon a provoqué un choc. Habitué à une santé éclatante de son économie depuis plusieurs années, le canton de Vaud ne s'attendait pas à cette nouvelle. Depuis quelques mois, la crise mondiale, le surendettement des Etats-Unis et de l'Europe et un franc suisse redevenu valeur refuge laissaient bien présager un changement de climat dans notre pays. Le tourisme, les banques, certaines de nos industries d'exportation sont d'ailleurs déjà touchés par ce refroidissement conjoncturel. Mais personne n'envisageait vraiment que l'industrie pharmaceutique, a fortiori Novartis, fasse partie des premières victimes.
Cette situation illustre parfaitement les malaises qui perturbent le regard porté sur notre économie, en Suisse comme dans la plupart des pays développés.
La population sait bien que seule l'économie de marché est synonyme de bien-être, que le collectivisme ne marche pas. Même les communistes chinois l'ont compris. Mais ce dont nous avons besoin, c'est d'une économie réelle, non d'une économie fondée sur la seule spéculation. Nous ne pouvons pas davantage vivre uniquement de recherches et de services, nous devons conserver un tissu industriel, continuer de produire et d'exporter des biens. Concevoir de nouveaux panneaux solaires, par exemple, c'est bien, mais pouvoir les produire en Suisse, c'est encore mieux.
La population sait aussi qu'une entreprise doit faire des bénéfices pour survivre. Mais ce dont nous avons besoin, c'est d'une économie responsable, de chefs d'entreprise et de managers qui agissent dans l'intérêt général à long terme, et non à la recherche d'un profit immédiat toujours plus élevé. Comment comprendre que de grands groupes comme Novartis, qui font des profits très substantiels, ne parviennent pas à assurer l'avenir d'un site comme celui de Nyon? Comment accepter que des dirigeants qui se targuent de mériter des rémunérations extraordinaires ne soient pas capables de développer à temps une stratégie d'adaptation maintenant l’emploi?
A l'inverse, il y a de quoi s'interroger sur le comportement de ceux qui se plaignaient, hier encore, d'un trop fort développement de l'arc lémanique, qui réclamaient la décroissance, et qui sont maintenant au désespoir parce qu'une entreprise annonce qu'elle va fermer. Cette décroissance si désirable ne serait-elle plus souhaitable quand elle se concrétise?
Une fois pour toutes, nous avons besoin de croissance pour que l'économie puisse maintenir l'emploi, développer les secteurs d'avenir quand d'autres dépérissent. Nous en avons aussi besoin pour assurer les investissements collectifs dans les infrastructures, dans la mise en place des énergies renouvelables, etc. Il ne suffit pas de vouloir adapter notre société aux défis du siècle. Il faut encore en avoir les moyens.
Olivier Feller
Conseiller national PLR élu
Article publié dans 24 heures du 2 novembre 2011