La série continue. Le 31 mars, un bancomat a été dynamité en Argovie. En février, c’est un distributeur de billets sur une aire d’autoroute de l’A13, dans le canton de Saint-Gall, qui a explosé. Ce type de concerts déflagrants s’est multiplié en 2024: 28 bancomats braqués à l’explosif sur 48 attaques au total. Près d’une attaque par semaine. Mais cette petite musique, pourtant bruyante, dangereuse dans la zone du bal et nocive pour la vie en société, ne trouble pas de manière excessive le Conseil fédéral.
En septembre 2023, j’ai déposé un postulat demandant au Conseil fédéral d’examiner l’opportunité d’équiper les bancomats d’un système antivol. À l’image de ce qu’on a fait, avec un succès non négligeable, en Irlande, en Belgique, en France ou en Suède. Il s’agit d’un dispositif qui asperge les billets de banque d’une encre indélébile dès l’instant où le bancomat est forcé. Les billets deviennent inutilisables et le braquage… inutile. Nous n’aurions même pas à importer le produit puisque cette encre indélébile est fabriquée en Suisse par une entreprise de renommée mondiale – Sicpa, pour ne pas la nommer.
Curieusement, le gouvernement a proposé de rejeter ce postulat, au prétexte qu’il avait nommé une commission d’experts pour étudier la problématique d’ensemble des attaques de bancomats. Heureusement, le Conseil national ne l’a pas suivi. Le 12 septembre 2024, il a accepté le postulat de manière très claire: par 146 oui, 36 non et 9 abstentions. C’est d’autant plus heureux qu’on attend toujours les effets de la fameuse commission d’experts du Conseil fédéral, laquelle s’est réunie au rythme effréné d’une séance tous les six mois.
Face à cette inaction, je suis revenu à la charge dès le 23 septembre 2024 en déposant une motion qui demande de rendre punissables les actes préparatoires accomplis dans le but de commettre une infraction à l’aide d’explosifs ou de gaz toxiques. Ces actes préparatoires ne sont en effet pas punissables en droit pénal actuel. Et la veille de mon intervention, un article de la «NZZ am Sonntag» révélait que l’Office fédéral de la police – la Fedpol – et plusieurs experts déploraient cette «lacune».
Curieusement, là encore, le gouvernement dit niet, au motif que les dispositions proposées ne permettraient pas d’empêcher toutes les attaques de bancomats. Certes, mais elles contribueraient au moins à en réduire le nombre.
Manifestement, le Conseil fédéral ne répond pas avec la vigueur requise à la gravité de la situation. Si ce qu’on lui propose ne lui paraît pas efficace, alors qu’il mette en œuvre des mesures qui le soient. Car il s’agit d’un problème de sécurité publique. Et de maintien d’un service à la population, en particulier dans les zones frontalières où la mesure la plus visible consiste à démanteler le réseau de bancomats. Ce qui revient à sanctionner les habitants de ces régions. Merci pour eux!
Olivier Feller
Conseiller national PLR Vaud
Article publié dans 24 heures le 8 avril 2025